Réflexions
Des réflexions sur les jeux en général et le JDR en particulier...
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Let’s Role !
Petit retour sur ma première expérience de la plateforme de table virtuelle Let’s Role (https://lets-role.com/).
J’avais un petit apriori. Au niveau création de feuille de personnage, on est obligé d’utiliser les skins (couleurs, polices et fonds) fournies. On est loin des feuilles de perso de Roll20 où l’on peut faire ce qu’on veut et mettre les images qu’on veut. Cela ne rend pas toujours l’effet des feuilles originales du jeu ou d’un style correspondant. Finalement, je vais reléguer cet apriori au rang de détail, tant cette interface est facile d’usage, intuitive et très abordable aux nouveaux utilisateurs.
Pour Maléfices, j’ai réussi à produire une feuille satisfaisante optimisée avec le skin « Detective ». Prenons un temps sur justement un des points forts de Let’Role, son interface de création de feuilles de perso, le System Builder. Comme son nom l’indique, c’est plus un outil de création de système que d’une simple feuille de PJ. On peut y intégrer des feuilles de PNJ, des fiches d’objets ou de sorts… L’interface est intuitive, et on peut facilement créer quelque chose de simple. Si on veut une production plus élaborée, il faut aller mettre ses mains dans la machine, mais si on a quelques notions de CSS et javascript, on s’en sort plutôt bien (sans être un grand spécialiste). Et si d’un côté on est plutôt contraint pour l’aspect graphique, c’est une très grande liberté qu’on a côté développement du système.
Pour ce qui est de l’interface de jeu, la aussi c’est classe. Il y a tout ce dont un MJ a besoin (ou presque…). C’est très agréable, visuel, intuitif. L’usage de l’espace de la « Map » (ou Scène) peut-être géré par différents calques qu’on peut cacher, qu’on peut verrouiller, rendre accessible aux annotations et dessins des joueurs… Les dés sont beaux, c’est assez facile d’accéder et partager les documents. On peut y mettre de la musique par lien Youtube (ça marche bien, mais pas possible de mettre ses propres musiques, questions de droits), et diffuser es effets sonores (la un autre point fort, une belle banque de sons d’ambiance disponibles). Il y a aussi une barre de raccourcis pour les jets de dés, pas obligé d’aller à chaque fois sur la feuille de personnage.
Let’s Role est en perpétuel développement et des mises à jour régulières sont faites. La communauté fait des retours sur les bugs et aussi fait des propositions d’amélioration et de nouvelles fonctionnalités. Quelques unes ne sont pas ‘encore) disponibles, comme la possibilité d’envoyer sa feuille de perso dans une fenêtre indépendante, dispatcher les PJ sur des scènes différentes, créer des jeux de cartes,… mais ça viendra !
En tout cas belle expérience en tant que MJ, on a tout sous la main et l’usage est vraiment bien pensé pour faciliter le boulot de meneur. Je ferai un retour avec mes joueurs à la fin du scénario. Ils n’ont pas tous la même expérience sur l’interface, c’est très intéressant.
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Assurer la sécurité physique, morale et affective
Ce titre est un des critères de validation de diplômes et brevets dans le secteur de l’animation socio-culturelle et sportive. Dans toutes les activités sociales, c’est à dire impliquant l’humain et ses relations (donc quasiment toutes les activités…), on demande aux professionnels, aux volontaires, aux intervenants de faire attention à leurs publics, jeunes ou adultes, d’être bienveillants à leur égard, lors de leurs animations, entraînements, stages…
Ce n’est pas toujours simple et facile. C’est le jeu de relation humaine.
S’il y a bien une activité ludique qui a comme moteurs principaux l’imaginaire (lié à la psyché) et la relation humaine, c’est bien le JDR ! Il ne devrait donc pas échapper à cette nécessité de bienveillance, de prendre en compte l’autre, d’assurer l’équité des participants-es… bref d’assurer leur sécurité physique, morale et affective.
Le JDR, c’est la vie
Comme dans une pièce de théâtre, un roman, une série ou un film, les parties de JDR peuvent aborder toutes les thématiques : la vie, la violence, l’amour, la mort, la maladie, le sexe, la famille… et toutes les déclinaisons et combinaisons possibles.
Nous ne sommes pas tous à l’aise avec tout, et on peut comprendre que certains Joueurs ne veuillent pas dans un moment de jeu, qui se doit d’être plaisant, aborder un sujet qui les met mal dans leur peau, leur rappelle des souvenirs déplaisants ou encore les replonge dans une actualité difficile. Les raisons leur appartiennent, mais c’est une question de respect que de prendre cette dimension en compte.
Il est possible de se donner plusieurs outils, dont l’efficacité n’est pas totale mais significative, et qui peuvent limiter les situations compliquées.
En parler avant
Pour éviter ce genre de situation, d’abord, avant la partie (et même la préparation du scénario), la MJ peut demander justement à ses Joueurs s’il y a des sujets à éviter. C’est une démarche qui est nécessaire si elle ne les connaît pas, ou pas très bien.
Il n’est cependant pas toujours facile de penser avant qu’un thème va nous déranger. De plus, nous ne mettons pas le même sens, la même intensité, derrière les mots. Si je prends comme exemple l’Horreur, pour certains Joueurs cela va signifier des hordes de Zombie, mais pour d’autres des corps découpés, des massacres et des violences de masse… Et puis on peut se tromper, penser que ça ne nous ferait rien et puis finalement…
Pendant
Donc, en plus de parler avec ses Joueurs, il existe des solutions à portée de la MJ. La Carte-X en est une : elle permet à un Joueur qui se sent mal à l’aise avec un sujet abordé (par la MJ ou les autres Joueurs) de s’en saisir et ainsi d’éluder ce passage de jeu, sans forcément nuire à la partie. Il en existe d’autres.
On pourrait imaginer juste une consigne de stopper la partie si un truc dérange un Joueur, mais matérialiser cette possibilité par une carte, c’est un bon média, un symbole, un élément du jeu comme un autre, une règle, qui légitime pleinement celui qui s’en sert. C’est une soupape de sécurité pour chacun. Elle est la sur la table, accessible à tous.
Et après
Enfin, le petit debriefing en fin de session est un moment important aussi pour dire si un passage nous a déplu ou dérangé. C’est la possibilité d’en parler, surtout pour les Joueurs qui n’auraient pas osé ou qui n’ont pas voulu se saisir de la Carte X.
Il est important de préciser que personne n’est tenu de se justifier, que ce soit avant, pendant ou après, sur les raisons qui motivent la volonté de ne pas aborder une thématique lors de la partie. Parfois certains Joueurs le feront, mais c’est leur liberté, leur besoin. Être à l’écoute, permettre à l’autre de partager son mal-être en mettant des mots, c’est déjà un soutien et c’est se remettre dans la ligne de la bienveillance qu’on a pu quitter bien involontairement.
En conclusion
Rien n’est obligatoire, ça va dépendre du public ? Peut-être, mais rien n’est moins sûr. Je n’étais pas un adepte de la Carte-X jusqu’à il n’y a pas si longtemps que ça, je demandais juste aux gens que je ne connaissais pas beaucoup les sujets à éviter. Une fois cependant, sur une partie avec des amis, je pense que la Carte-X aurait été utile. On n’est jamais trop prudent.
Et puis, elle est là, elle sert ou pas. Mais elle est présente, tel le filet sous les trapéziste, n’empêchant pas le numéro, mais le rendant plus audacieux, autorisant la prise de risque.
Quelques liens sur la Carte-X :
Article sur le site ptgptb.fr : La Carte-X
Article sur le site d’Axelle « Psychée » Bouet : La X card, le trigger warning en jeu de rôle